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Lombalgie : la bonne vieille musculation, tout simplement


Bon la « dose » de séances n’est pas la même et les différences sont subtiles, mais rien n’interdit un kiné de faire une grosse simplification de ses prises en charge, voire un traitement parfaitement standardisé pour tout le monde, apparemment. On va juste un peut se faire ch… mais si c’est « pour le bien » des patients ?


Les groupes


Des participants lombalgiques ont été randomisés pour une intervention de 6 mois de force et de conditionnement général (CG ; n = 20 ; jusqu’à 52 séances) ou d’exercice de contrôle moteur plus thérapie manuelle (CM/TM ; n =20 ; jusqu’à 12 séances).


Procédure de conditionnement général


Les participants au CG ont suivi pendant six mois des séances de gymnastique supervisées. Au cours des trois premiers mois, les patients ont participé à deux séances d’entraînement d’une heure par semaine, puis à une ou deux séances par semaine au choix pour les trois mois suivants.


Ils commençaient chaque séance par 20 minutes de conditionnement aérobie de course ou de marche sur un tapis roulant, en allant de 65 % et en progressant jusqu’à 85 % de la fréquence cardiaque maximale.


L’entraînement en résistance consistait en des exercices de lever de charges (par exemple, squat, deadlift), de poussée (par exemple, développé-couché), de traction sur câbles, d’extension du tronc (par exemple, pont en décubitus dorsal) et de flexion (par exemple, enroulement) avec des phases de force musculaire, d’hypertrophie et d’endurance (voir tableau supplémentaire).


Les patients ont reçu à la première séance une formation en neuro-sciences de la douleur concernant l’hypersensibilité centrale dans la douleur chronique. Ils ont également reçu pour instruction de suivre 20 à 40 minutes de trois séances hebdomadaires d’entraînement aérobie indépendant à domicile à 65-85% de la fréquence cardiaque maximale pendant les 6 mois du protocole (marche ou jogging).


De plus, les participants devaient effectuer 5 à 10 minutes de répétitions mentales de mouvements associés à la kinésiophobie au cours des six premières semaines.


Procédure contrôle moteur et thérapie manuelle


Les patients ont bénéficié de 10 séances de physiothérapie de 30 minutes au cours des trois premiers mois et deux séances de 30 minutes à n’importe quelle période au cours des trois mois suivants.


Les exercices visaient les muscles transversaux de l’abdomen, les muscles multifides et les muscles du plancher pelvien, ainsi que la correction posturale pour rétablir un contrôle moteur optimal lors d’activités sans mise en charge.


Les exercices et les progressions ont suivi les protocoles précédents d’exercices de contrôle moteur.

L’activation ciblée des muscles du tronc profond pendant des activités fonctionnelles spécifiques n’a été incluse dans la progression que si elle faisait partie des objectifs des participants (par exemple, la marche). La progression des exercices se faisait en fonction de la douleur.


La thérapie de manipulation vertébrale a suivi des principes clés, notamment les mobilisations antéro-postérieures et transversales des articulations vertébrales lombaires ainsi que des tissus mous de la région lombo-pelvienne, avec des techniques et un dosage basés sur les besoins du patient et déterminés à la discrétion du physiothérapeute traitant après examen clinique.


Afin de surmonter toute détresse susceptible d’altérer le contrôle moteur (par exemple, l’incapacité à détendre la paroi abdominale), les participants ont reçu une éducation cognitive-comportementale de base pour les rassurer sur la sécurité de l’exercice de contrôle moteur.

Un programme d’exercices à domicile a été fourni aux participants pour chaque jour entre les sessions, consistant en des exercices de contrôle moteur, de plancher pelvien et d’éducation posturale.


Indicateurs


L’intensité de la douleur a été mesurée au départ et tous les quinze jours pendant toute la durée de l’intervention. L’extension du tronc et l’endurance en flexion, la force et l’endurance des muscles des jambes, le volume des muscles paravertébraux, l’aptitude cardio-respiratoire et les mesures d’auto-évaluation de la kinésiophobie, du handicap et de la qualité de vie ont été évaluées au départ et lors d’un suivi à 3 et 6 mois.


Résultats


L’intensité de la douleur a varié en faveur du groupe CM/TM à la semaine 14 et 16 du traitement (p = 0,003 aux 2 périodes), mais pas au suivi à 6 mois.

Tant la procédure par CG (changement moyen -10,7 IC95%[-18,7, -2,8] mm ; p = 0,008) que la procédure par CM/TM (changement moyen -19,2 IC95%[-28,1, -10,3] mm ; p < 0,001) ont enregistré des réductions de l’intensité de la douleur au sein du groupe à six mois, mais n’ont pas atteint des seuils cliniquement significatifs (20 mm) au sein du groupe ou entre les groupes.


Au suivi à six mois, la procédure par CG a augmenté l’extension du tronc (différence moyenne 81,8 IC95%(34,8, 128,8) s ; p = 0,004) et l’endurance en flexion (51,5 IC95%(20,5, 82,6) s ; p = 0,004), ainsi que la force musculaire des jambes (24,7 IC95%(3,4, 46,0) kg ; p = 0,001) et l’endurance IC95%(9,1 (1,7, 16,4) reps ; p = 0,015) par rapport à la procédure CM/TM.


La procédure CG a réduit l’invalidité (-5,7 (11,2, -0,2) pts ; p = 0,041) et la kinésiophobie (-6,6 (-9,9, -3,2) pts ; p < 0,001) par rapport à la procédure CM/TM au suivi de 6 mois.


Le volume de multifidus a augmenté à l’intérieur du groupe CG (p = 0,003), mais pas pour le CM/TM ou entre les groupes. Aucun autre changement entre les groupes n’a été observé au bout de six mois.


Dans l’ensemble, la procédure CG a amélioré l’endurance du tronc, la force et l’endurance des muscles des jambes, l’incapacité auto-déclarée et la kinésiophobie par rapport à la procédure CG/TM à six mois.


Conclusion


Ces résultats montrent qu’une prise en charge classique peut fournir une gamme plus diversifiée d’effets de traitement par rapport à la prise en charge de type contrôle moteur / thérapie manuelle.

Sources : https://kinotes.fr/ Photo : Luis Quintero.


Références bibliographiques :

Scott D Tagliaferri, Clint T Miller, Jon J Ford, Andrew J Hahne, Luana C Main, Timo Rantalainen, David A Connell, Katherine J Simson, Patrick J Owen, Daniel L Belavy. Randomized Trial of General Strength and Conditioning Versus Motor Control and Manual Therapy for Chronic Low Back Pain on Physical and Self-Report Outcomes. J Clin Med. 2020.

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