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L’exercice aérobique, un bouclier anti-métastases

Une étude israélienne rapporte qu’un exercice intense augmente l’utilisation de glucose par les organes du corps et prive du même coup les cellules cancéreuses de ce nutriment essentiel à la formation de métastases.

Un très grand nombre d’études ont montré que l’exercice physique réduit le développement et la récidive de plusieurs types de cancers, incluant ceux les plus couramment diagnostiqués en Amérique du Nord (sein, côlon, prostate).

Compétition pour le sucre

Une étude récente suggère que cette avidité des muscles pour le glucose crée une pression métabolique sur les autres organes du corps, notamment ceux qui sont des sites privilégiés par plusieurs cancers pour se répandre sous forme de métastases (poumons, foie, ganglions lymphatiques) (1).

En examinant en détail les variations du métabolisme de ces cellules par une approche biochimique de pointe, la protéomique, les chercheurs ont constaté que l’exercice aérobique de haute intensité augmentait les niveaux de plusieurs protéines spécialisées dans la capture et l’utilisation du glucose, augmentant du même coup l’énergie consommée par ces organes.

Cette adaptation est très intéressante, dans la mesure où on sait depuis plusieurs années que les cellules cancéreuses sont extrêmement dépendantes d’un apport énergétique soutenu pour assurer leur croissance, très souvent sous forme de glucose (ce qu’on appelle l’effet Warburg).

Il est donc possible que la plus grande utilisation de ce glucose par les organes du corps à la suite d’un exercice intense entraîne une compétition avec les cellules cancéreuses et puisse les priver d’un élément essentiel à l’établissement de colonies métastatiques au sein de ces organes.

Exercice anti-métastases

Deux principales observations effectuées par le groupe de chercheurs supportent cette possibilité. Premièrement, l’analyse d’une cohorte de 3000 personnes suivies pendant une vingtaine d’années a révélé que celles qui faisaient régulièrement de l’activité physique aérobique d’intensité élevée (course à pied, soccer, tennis, ski de fond) avaient un risque de développer un cancer métastatique diminué de 72 % comparativement aux personnes sédentaires.

Cette protection est beaucoup plus prononcée que celle observée dans la plupart des études pour les cancers localisés (30-35 %), ce qui suggère que les adaptations métaboliques engendrées par l’exercice intense pourraient créer une forme de « bouclier anti-métastase », particulièrement efficaces pour empêcher la progression des formes avancées de ces maladies.

Ces résultats sont confirmés dans un modèle animal de mélanomes, un des cancers ayant le plus fort potentiel métastatique.

Les chercheurs ont observé que chez les souris soumises à un protocole d’exercice aérobique intense avant l’injection des cellules cancéreuses (séances de carrousel à haute vitesse 20 minutes par jour, pendant 2 mois), la présence de métastases dans les poumons, ganglions lymphatiques et le foie était considérablement réduites comparativement aux souris sédentaires.

Cette diminution était corrélée avec une plus grande utilisation de glucose par les cellules de ces organes et à une diminution parallèle du métabolisme des cellules cancéreuses.

Globalement, ces résultats indiquent donc que l’exercice de haute intensité reprogramme le métabolisme de l’ensemble des cellules du corps, créant du même coup un microenvironnement tumoral réfractaire à l’établissement des colonies métastatiques qui, rappelons-le, demeurent la principale cause de mortalité liée au cancer.

Un autre exemple montrant que les nombreux effets métaboliques et physiologiques positifs de l’exercice physique demeurent la principale arme mise à notre disposition pour prévenir le cancer.

Source : Richard Bélliveau - Le Journal de Montréal - PHOTO ADOBE STOCK


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